C’est la faute à la grenouille

Une fois n’est pas coutume, nous allons parler météo.
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Pas pour céder à la facilité ou parce que l’actualité sociale aurait déjà entamée la « trêve des confiseurs », mais parce que l’épisode neigeux que vient de connaître l’Ile-de-France a une dimension et une signification politique qui n’auront échappé à personne.
Politique d’abord parce que les pouvoirs publics ont encore brillé par l’excellence de leur communication de crise. La médaille d’or revient sans doute au ministre de l’Intérieur qui mercredi à 16h30 donne un cours de sémantique aux journalistes pour leur expliquer qu’il n’y a aucune pagaille et encore moins d’indescriptible pagaille, tandis qu’à la même heure le Centre régional d’information routière lance un avis de circulation « impossible » en Ile-de-France.

Pauvre Brice Hortefeux dont, le lendemain, des journalistes un peu vachards détournent une précédente, et non moins malheureuse, saillie verbale : « les flocons, quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a beaucoup que ça ne va pas ».
Le prix citron est attribué à François Fillon qui s’est défaussé des responsabilités de l’État sur Météo-France qui n’aurait pas prévu tant de neige. Ce qui restera de ce mensonge éhonté, mais si simple à démentir, c’est que le Premier ministre a livré Météo-France à la vindicte populaire en la rendant responsable de n’avoir pas prévu l’intensité des chutes de neige.
Si François Fillon s’est rendu coupable d’un tel mensonge, c’est pour mieux masquer l’impéritie, l’impréparation, la désinvolture des pouvoirs publics
. C’est aussi pour punir les personnels de Météo-France qui, a rappelé la CGT « se battent depuis plusieurs années pour que leurs missions ne soient pas abandonnées, particulièrement les services de proximité qui ont fait la preuve de leur efficacité ». Plutôt que de casser le thermomètre et déshabiller les services publics, on attendrait du gouvernement qu’il prenne la mesure des enjeux. Car, de tempêtes en inondations, de chute de neige en glissement de terrain, la multiplication des événements extrêmes liée au changement climatique nécessite une organisation et des moyens alloués aux services publics.
Accuser la grenouille, c’est aussi une manière de faire oublier la Révision Générale des Politiques Publiques et le désengagement massif de l’État qui néglige ainsi l’entretien des routes et des infrastructures et prive les services de l’Equipement de leur capacité d’agir.

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