"Règle d'or des finances publiques" : loi d'airain et chape de plomb

En 2010, il était apparu au grand jour que la réforme des retraites imposée par le gouvernement avait entre autre comme objectif essentiel de donner des gages aux agences de notation dont le rôle obscur n’a cessé ces derniers mois d’être mis sous les feux de l’actualité.
La préservation de la note « triple A » de la France sert de prétexte à une cure d’austérité qui durant des mois n’a pas voulu dire son nom et que l’exécutif a toujours du mal à assumer. Il n’empêche, la chasse au déficit est devenue l’alpha et l’oméga du discours politique.

Depuis quelques semaines, Nicolas Sarkozy a verrouillé le débat politique avec son projet de faire adopter la règle d’or des finances publiques. Le gouvernement français veut profiter de la panique généralisée que provoque la crise financière pour imposer des reculs sociaux, pour faire accepter au peuple des plans d’austérité. Pourtant, la récession économique de 2009 n’explique qu’une partie de la hausse du déficit budgétaire et de la dette publique, car le déficit se creusait avant même la crise précisément à cause des choix du gouvernement Sarkozy-Fillon et particulièrement du fait de la baisse des impôts sur les plus hauts revenus.
C’est ainsi qu’un rapport officiel commandé par le président de la République lui-même reconnaît cette réalité : « Depuis 1999, l’ensemble des mesures nouvelles prises en matière de prélèvements obligatoires a ainsi réduit les recettes publiques de près de trois points de PIB ».
C’est dans ce contexte plombé que le gouvernement a annoncé la semaine dernière des mesures afin de réaliser 10 milliards d’euros d’économies.
Et pour faire passer la pilule, la communication a été habilement focalisée sur la mise à contribution des plus riches. Mais, comme l’a souligné le secrétaire général de la CGT le 26 août dans une conférence de presse de rentrée, « il ne suffit pas de dire que les plus riches sont appelés à l’effort pour que ce soit vrai.
L’impôt exceptionnel sur les plus fortunés pour une recette escomptée de 200 millions d’euros est loin de compenser ce que ces derniers ont accaparé ces dernières années. Rien que la baisse de l’ISF aura réduit les recettes de l’État de 2 milliards d’euros ».
Quant aux entreprises, la correction marginale du dispositif pour les heures supplémentaires annonce 600 millions de recettes nouvelles qui sont à rapporter aux 170 milliards d’euros d’aides et d’exonérations accordées aux entreprises par l’État et les collectivités territoriales.
Si certains croient et disent que le pire a été évité et que les salariés sont épargnés par ce train de mesures, ils se trompent car la mise à contribution des mutuelles pour un milliard d’euros par an sera évidemment intégralement répercutée sur l’ensemble des mutualistes.
Il n’y a dans ces mesures de bonnes nouvelles que pour les spéculateurs. La note « triple A » de la France est un « triple zéro » en matière économique et sociale.

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