La "prime" dont personne ne veut

Nicolas Sarkozy n’est décidément jamais autant lui-même que dans ce rôle de pourfendeur, seul contre tous, chevalier blanc défendant le peuple qui souffre et « la France qui se lève tôt » contre toutes les forces qui empêchent la réforme, le mouvement. Jamais aussi brillant que dans l’imposture cynique et les roulements d’épaules.
Avec la question des salaires, il nous l’a joué ces derniers jours sa partition favorite, celle du bateleur sur ses tréteaux de campagne.
En rechaussant les bottes du candidat « du pouvoir d’achat » à un an de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a soulevé les réactions incrédules voire hostiles du patronat et le rejet des organisations syndicales en annonçant les contours d’une prime obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés.

En déplacement au Havre pour parler de la politique maritime de la France, Nicolas Sarkozy en a profité pour délivrer une leçon de volontarisme politique dont il a le secret.
Avec la création de cette prime, «j’ai vu se dresser devant moi les murs du conservatisme et de l’immobilisme, à gauche parce qu’on aurait aimé le faire et qu’on ne l’a jamais fait, à droite parce que c’est trop, au centre parce que ce n’est pas encore assez». «Moi, ce que je veux c’est que ça avance. »
Quel cynisme, quelle imposture. Non seulement l’exécutif impose le fond et la forme de ce qu’il estime devoir être négocié entre les « partenaires sociaux », mais en plus, le gouvernement fait exactement l’inverse de ce qu’il prône.
En effet, alors même que les contours de cette prime n’étaient pas encore bien arrêtés, le gouvernement annonçait aux fonctionnaires la congélation pour deux ans de leurs salaires.
L’Etat employeur donne un bel exemple ! Quoi qu’en dise l’omniprésident, les salariés ne sont pas partisans du statu quo en matière de salaires. Ils veulent en finir avec l’individualisation, avec la déstructuration des rémunérations et l’introduction croissante d’éléments variables.
Ils veulent un autre partage de la richesse. Au passage on notera qu’après avoir quelques temps agité le débat avec son partage des profits en trois tiers, Nicolas Sarkozy tente aujourd’hui de faire porter la responsabilité de la faillite de sa politique sur d’autres épaules. Pas sûr que cela lui soit bien profitable.
En revanche, son discours populiste, simplificateur et pseudo-volontariste sur fond d’échec et d’impasses économiques et sociales font le lit de l’extrême droite.

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