La situation et le choix de la direction Thales :
L’aéronautique civile subit actuellement une crise conjoncturelle, transitoire, liée à la pandémie de COVID19.
En réponse, la direction de Thales a annoncé sa volonté de supprimer plus de 1 300 emplois (postes) dans les activités avioniques sur tout le Groupe Thales sans oublier les quelques 500 intérimaires et prestataires de service non reconduits.
Dans le Groupe, ces suppressions d’emplois représentent environ 25% de l’effectif lié à l’avionique, 15% de celui lié à l’électrification de l’avion et 20% de celui lié à la gestion du contrôle aérien. Une négociation dite de « soutien à l’emploi » est en cours au niveau du Groupe sur ce sujet.
L’analyse CGT :
Pour rappel, voici quelques éléments de contexte :
- Le Groupe prévoit un chiffre d’affaire 2020 compris entre 16,5 et 17,2 Milliards d’€, avec un Ebit autour de 8% du chiffre d’affaires, représentant entre 1,3 et 1,4 milliard d’€ de résultat.
- Le Groupe vient de décider le versement d’un acompte sur dividendes, en prévision des résultats du Groupe en 2020, de 85 millions d’€, qui présage à terme un versement de dividendes autour de 350 millions d’€ en 2021.
Pour nous, ce plan de suppression d’emplois met en danger non seulement notre capacité à anticiper le rebond du trafic aérien demain, mais aussi notre capacité à assurer l’avenir de toutes les activités aéronautiques au sein du Groupe. La direction met « la charrue avant les bœufs » en voulant négocier un accord d’accompagnement, sans pour cela chercher des solutions alternatives, ni d’ailleurs attendre les conclusions des expertises diligentées au niveau des CSEC d’AVS, de TAES, et de LAS.
Ce qui anime notre direction : un retour à la profitabilité au plus vite en utilisant les salarié-e-s comme variable d’ajustement financier, puisque le Groupe devrait se contenter d’un taux de profit proche de 8% pour 2020 au lieu des 10% prévus avant la crise. Pour preuve suplémentaire, lors du Comité de Groupe France, la direction a avoué que le retour à la profitabilité se ferait aussi par la modération de la masse salariale ; c’est-à-dire de faible augmentation et des parts variables de salaire au minimum.
L’implication de tous les salarié-e-s. est fondamentale pour orienter la stratégie du Groupe vers de activités responsables socialement et écologiquement. La CGT Thales impulsera toutes les démarches et actions nécessaires.
Le projet CGT de préparation de l’avenir :
Au-delà de notre opposition à ce plan, nous proposons diverses pistes, certaines de court-terme, d’autres de moyen et long terme, certaines pour la filière aéronautique et d’autres plus largement pour le Groupe Thales. Nous avons regroupé ces pistes dans un projet CGT soumis à la direction lors des négociations d’un accord Groupe dit de « soutien à l’emploi ».
Il s’agit là d’un véritable axe de soutien, non seulement à l’emploi mais aussi de soutien à nos sous-traitants, de relocalisation de nos activités au plus proche, de transition des activités aéronautique pour répondre aux questions écologiques urgentes et de poursuite de notre diversification vers d’autres activités, répondant aux réels besoins des citoyens. Ce projet vient en complément de l’utilisation de l’Activité Partielle de Longue Durée (APLD), dont nous avons signé l’accord Groupe pour passer « le trou d’air » lié à la crise conjoncturelle actuelle.
Notre projet CGT, de préparation de l’avenir, s’articule autour de plusieurs points :
- Favoriser l’investissement, l’innovation, la recherche & développement : Il s’agit là de trouver les financements pour préparer l’avenir. Nous proposons que Thales ne verse pas de dividendes en 2021 et 2022, et que la société utilise les 350 millions d’€ libérés chaque année pour investir. Nous proposons aussi que Thales s’engage à investir sur fond propre, 5€ pour 1€ d’aides publique obtenues.
- Préserver nos compétences industrielles : Cette partie concerne les actions à mener pour développer notre outil industriel. Elle traite à la fois les questions de modernisation et d’empreinte environnementale de notre industrie et R&D, de préservation de notre sous-traitance, de ré-internalisation et de répartition de charges entre sites.
- Plan de préparation de l’avenir : Cette partie aborde les grandes orientations nécessaires pour transformer nos activités aéronautiques, pour répondre à l’urgence climatique, répondre à la nécessaire transition énergétique et écologique du secteur, l’avion décarboné, notamment en terme d’électrification de l’avion ou de contrôle du trafic aérien. Il aborde aussi de nouvelles orientations pour demain, en terme de drone et de nouvelles mobilités urbaines ou de diversifications vers d’autres domaines, comme par exemple dans le domaine médical. Enfin, nous y traitons aussi la nécessaire question de la gestion des savoir-faire et des compétences et des moyens associés.
- Favoriser l’insertion professionnelle des jeunes : Il s’agit ici d’avoir un engagement fort de notre Groupe en terme d’emploi des jeunes, de manière anticipée afin de pouvoir effectuer le transfert des connaissances nécessaires des séniors qui partiront en retraites, y compris de manière anticipée.
- Commissions Anticipation-Emploi-Formation : Les commissions anticipation-emploi-formation ont un rôle majeur pour préparer l’avenir de notre industrie. Il s’agit donc de renforcer les moyens qui leurs sont attribués.
Vous le voyez, notre projet CGT permettrait d’orienter la stratégie du Groupe pour préparer l’avenir des activités aéronautiques, répondant aux enjeux de demain et notamment en terme d’impact environnemental. Il aurait un impact fort en terme d’emploi. Enfin, nous proposons aussi des moyens d’actions, par l’implication des salariés via des commissions locales, au plus proche de l’activité et du travail effectué, ainsi que les moyens de financer cette ambition.