Le 17 novembre 2020, la CGT Thales a envoyé un courrier à la ministre de la Défense et au ministre de l’économie et des finances, les deux ministres de tutelle de Thales, pour les interpeller sur la situation actuelle et l’attitude de notre Groupe.
Un plan de suppression d’emploi inacceptable
Dans ce courrier nous dénonçons un plan de suppressions de 1300 emplois, surtout dans un contexte où Thales se porte bien. De plus, notre Groupe, dont l’Etat est le premier actionnaire, a une responsabilité forte vis-à-vis de l’emploi au sein du Groupe. Nous devons aussi préserver les différents bassins d’emplois sur lesquels nous sommes implantés, et qui sont impactés déjà par de nombreux PSE, ainsi que nos sous-traitants qui subissent les décisions des grands groupes. De plus nous avons une responsabilité forte, puisque nous nous portons bien, vis-à-vis de l’économie en France, alors que d’autres secteurs, comme le commerce, la restauration ou le tourisme sont fortement impactés par la crise actuelle, qui accroit encore plus la précarité.
Industriellement, ce plan n’est pas de nature à préserver nos savoir-faire, nos compétences et qualifications et donc à garantir d’être prêt quand les activités aéronautiques repartiront, car elles repartiront. Il est encore moins de nature à préparer l’avenir, et la nécessaire transition écologique de l’aéronautique civile, pour un avions « vert », plus électrique, décarboné. Il ne permet pas non plus de garder une souveraineté Française ou au moins Européenne, capable de produire des avions de bout en bout chez nous, du nez à la queue.
Enfin, ce plan de suppression d’emploi n’est pas compatible avec une diversification de nos activités encore plus grande, diversification qui de l’aveu même de notre PDG a rendu Thales résilient. Nous pourrions ainsi enfin nous diversifier vers la reconstruction nécessaire d’une industrie du médical en France, comme nous l’a montré la crise sanitaire que nous traversons.
Notre groupe a les moyens de faire autrement
Face à cette situation, notre Groupe a les moyens de faire autrement. En effet plusieurs éléments sont à prendre en compte :
- De par nos activités diversifiées, Thales est résilient et notre Groupe devrait finir l’année sur un résultat opérationnel (Ebit) à 8% du chiffre d’affaire, ce qui représenterait entre 1,3 et 1,4 Milliards d’€.
- Nous venons de signer un accord sur la mise en place de l’Activité Partielle de Longue Durée (APLD) qui doit justement nous permettre de passer le trou d’air dans l’aéronautique. De plus l’APLD, financée par l’argent publique, a pour but de préserver l’emploi, ce qui rend ce plan de suppression d’emploi incompatible avec l’APLD signé.
- Le Conseil d’Administration se permet de versement d’une avance sur le dividende représentant 85 millions d’€. Cela laisse présager un dividende 2021, lié aux résultats 2020, de plus de 350 millions d’€, ce qui représente 3 fois plus que la masse salariale annuelle des 1300 emplois du pan de suppression d’emploi.
La CGT Thales demande un rendez-vous avec nos ministres de tutelle
Par cette lettre nous demandons un rendez-vous à nos ministres de tutelle, afin d’exposer la situation et notre point de vue, et leur demander d’intervenir à la fois sur la décision scandaleuse de versement de dividende et sur ce plan de suppression d’emploi. Le gouvernement, par la voix même du ministre de l’économie et des finances, a demandé aux entreprises de ne pas verser de dividendes aux actionnaire dans le contexte actuel et vu les aides publiques versées. De plus toutes ces aides, et notamment l’APLD, ont pour but de préserver l’emploi. Le gouvernement doit donc maintenant mettre clairement ses actes en conformités avec sa parole.