Votre avenir, vous le voyez comment ? Accepter que vos droits se réduisent comme peau de chagrin tout en travaillant jusqu’à 67 ans ? Les travailleurs doivent-ils continuer à se sacrifier pour la prospérité des marchés financiers ? Ces questions méritent une réponse collective, qui plus est, au vu des derniers résultats financiers des grands groupes. Les dividendes mondiaux n’en finissent pas de grimper. Ils atteignent, au deuxième trimestre de cette année, 513,8 milliards de dollars (462,93 milliards d’euros) pour les 1 200 plus grandes entreprises mondiales, selon une étude menée par le fonds de gestion Janus Henderson Investors. La France reste championne d’Europe avec 51 milliards de dollars. Alors, stop ou encore ? Encore des sacrifices pour les salariés et la suraccumulation de capital pour les gros actionnaires ou doit-on rompre avec cette logique pour le bien de tous ? Tels sont les enjeux de cette rentrée à l’échelle de notre branche avec les négociations en cours avec l’UIMM ou au niveau national avec le projet de réforme des retraites et de l’assurance-chômage.
Le projet de réforme des retraites
Outre la réforme de l’assurance chômage qui restreint l’indemnisation pour les salariés précaires mais aussi pour les cadres, le projet de réforme des retraites est également sur la table pour le dernier trimestre 2019. Concernant l’avenir de notre système de retraite, les annonces du rapporteur, Jean-Paul Delevoye ne font que confirmer les craintes suite aux déclarations du président Macron.
Le projet se résume en une casse structurelle de notre système, pour concéder la manne financière des cotisations aux grandes banques. La première conséquence sera un effondrement du niveau des retraites. Dans un second temps, il y a fort à parier que les salariés se tourneront vers des assurances privées pour financer leur retraite. C’est donc la fin programmée du système solidaire par répartition où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins.
C’est parce que le système de retraite par capitalisation n’est ni une solution individuelle, ni une solution économique viable qu’il faut développer le système par répartition à la française. D’autant que ce dernier, ne peut être en faillite contrairement aux fonds de pensions. Bien entendu, notre système actuel mérite d’être amélioré. Pour cela, la CGT a travaillé plusieurs pistes chiffrées et réalistes pour améliorer les droits à la retraite et les financer (retraite à 60 ans, niveau de pension au moins à 75% du revenu net d’activité en fin de carrière, mettre les revenus financiers des entreprises à contribution…).
C’est dans ce contexte que la CGT appelle à une journée de grèves et mobilisations le 24 septembre prochain sur l’ensemble du territoire. La CGT métallurgie s’inscrit pleinement dans cet appel.
Droit des salariés dans la branche
Les négociations avec l’UIMM entrent dans leur 4e année. Tous les sujets contenus dans nos conventions collectives et accords nationaux sont ou vont être mis sur la table des discussions. Courant 2020 tous les projets d’accords seront remis sur la table pour une dernière lecture avant signature.
L’urgence n’est plus dans l’attente de voir ce qui va en ressortir mais dans l’accélération de la construction du rapport de forces. Si tel n’était pas le cas, il serait à craindre que l’UIMM trouve des signataires pour la mise en œuvre de ses prétentions :
- Casse des classifications : plus d’évolution automatique de carrière, ni de reconnaissance des diplômes et de l’expérience,
- Classification selon le poste occupé : fin du salaire garanti, non reconnaissance des diplômes, …
- Disparition du statut cadre et des droits attachés,
- Explosion des heures supplémentaires et de la précarisation,
- Disparition de la prime d’ancienneté,…
S’emparer des enjeux pour riposter
La première négociation de rentrée est prévue le 6 septembre. C’est dans les entreprises et les territoires, un premier rendez-vous pour débattre avec votre syndicat CGT des enjeux de négociations avec l’UIMM et des propositions CGT à enrichir.
Cette initiative est la première pierre de la construction de mobilisations organisées chaque vendredi de négociation (tous les 15 jours) pour construire la riposte et le rapport de forces partout dans les territoires et les entreprises de la métallurgie en vue de la manifestation nationale à Paris, devant le siège de l’UIMM, le 6 décembre.
Décidons de notre avenir
Si le projet des retraites est encore un signe de complaisances serviles à l’égard du Capital et des marchés financiers, ce qui peut être nouveau, c’est la traduction dans les actes du mécontentement, de l’exaspération du monde du travail. Une traduction à la hauteur des enjeux que la CGT s’emploie à faire émerger, plus que jamais, pour permettre aux travailleurs d’intervenir dans leurs entreprises pour défendre et obtenir des droits améliorant immédiatement leur quotidien mais aussi dans la société, avec toutes les autres professions pour un avenir commun meilleur.
Rendez-vous le 24 septembre
La CGT métallurgie appelle à mettre en débat avec les salariés la grève et à participer aux manifestations pour dire non au recul que prépare le gouvernement et aux prétentions patronales et dire oui à des projets novateurs, progressistes et solidaires. Le premier rendez-vous est fixé au 24 septembre, partout en France.
Et dans Thales ?
Vous vous dites peut-être que tout ceci ne nous concerne pas à Thales, que nous ne serons pas impactés puisque nous avons des accords qui garantissent nos droits ? Et bien détrompez-vous, nous ne sommes pas protégés par un dôme invisible qui nous isolerait de la situation nationale. Nos accords, et notamment toutes les dispositions sociales s’appuient sur les conventions collectives de la métallurgie. De plus, les projets gouvernementaux de casse de notre système de retraite et d’assurance chômage nous concernent tous, les salariés de Thales, nos familles, nos amis.
Thales n’échappe pas non plus à la course effrénée aux dividendes, qui ne profite ni aux salariés, ni à l’investissement pour l’avenir de l’entreprise, et ce alors que certaines activités du Groupe nécessiteraient des financements plus conséquents pour se transformer. Nous pouvons citer AVS, et sa BL MIS, ou encore TAES, TAS et SESO, qui subissent une baisse d’activités notamment à cause du manque d’anticipation stratégique des directions. Mais la situation économique du Groupe est toujours bonne. La « dynamique favorable nous permet de confirmer nos objectifs financiers pour 2019 » confirme P. Caine lors de la présentation des résultats au premier semestre 2019.
Alors oui, dans Thales aussi nous avons tous des raisons de se mobiliser, pour des réformes plus justes, novatrices, de progrès et équitables, répondant aux besoins des salariés, comme sur les retraites ou les conventions collectives dans notre branche de la métallurgie. Mais cette mobilisation est aussi nécessaire au niveau de Thales, où les objectifs financiers promis aux marchés financiers sont l’alpha et l’oméga de toutes les décisions aux dépends des salariés, comme on le voit au niveau des restrictions drastiques des conditions de déplacement, qui se traduit aussi dans la négociation Groupe en cours.