Voilà plusieurs semaines que les médias tournent en boucle sur le thème du financement des organisations syndicales et sur la gestion des Comités d’entreprise.
Et l’on remarquera que chaque fois, il ne s’agit nullement d’affaires avérées, jugées, mais de soupçons, de demandes d’enquêtes.
Il faut le dire, cet acharnement à jeter le doute, semer le trouble, discréditer, salir, avilir (on a le choix) sur les militants syndicaux est à la fois injuste et insupportable.
Et voilà que la majorité gouvernementale à l’Assemblée fait mettre au pilon le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur le financement des organisations patronales et syndicales.
Dans une lettre au président UMP de l’Assemblée, rendue publique par la CGT, Bernard Thibault fait valoir que « la non communication de ce rapport donne lieu à une campagne médiatique à charge contre les syndicats de salariés et tout particulièrement contre la CGT ».
Face aux « multiples allégations qui demeurent invérifiables, il serait préférable que les travaux de la Commission fassent l’objet d’un débat public, contradictoire et argumenté », écrit-il. Faut-il le rappeler, la CGT vient de publier ses comptes certifiés et ceux-ci figurent au Journal Officiel. Ils montrent que 70 % des ressources proviennent des adhérents.
Pour 1 euro de cotisation versé par les syndiqués, la CGT ne perçoit que 12 centimes de subvention publique. Les effectifs de la Confédération sont composés de 124 personnes salariées auxquelles il faut ajouter 29 équivalents temps plein, militants élus ou collaborateurs détachés par les droits syndicaux issus du secteur public.
Des moyens humains qui sont d’ailleurs nettement insuffisants pour faire face aux missions d’intérêt général que remplissent les militants syndicaux. Notamment pour assumer quelque 400 mandats et sièges dans diverses institutions ou commissions au seul niveau national. La vérité, c’est que le syndicalisme est non seulement utile, mais qu’il est indispensable. Dans cet acharnement médiatique, on oublie de parler du financement tout comme de la légitimité du Medef. Enfin, il y a quelque chose d’indécent à se voir donner des leçons de démocratie et de légitimité par un parti qui ne compterait aux dernières nouvelles que 150 000 membres.
Ce n’est sans doute pas un hasard si le quinquennat de celui qui se présentait comme un champion du dialogue social s’achève dans un tel déversement de boue. Nicolas Sarkozy aura passé son temps à violenter le dialogue social tout en donnant l’illusion d’une écoute permanente et d’une préoccupation sociale constante.
Nicolas Sarkozy a plus d’un compte à régler avec les syndicats à qui il ne pardonne pas d’avoir renversé l’opinion publique à l’occasion de la réforme des retraite.