A peine replié le barnum médiatique du G20 de Cannes, sitôt rangés les sourires de façade et les déclarations d’amour entre Obama et Sarkozy, on est revenus à la réalité… façon gueule de bois. Ce sommet n’a rien réglé de la crise. Lundi dernier, c’est encore François Fillon, le préposé aux bonnes nouvelles, qui s’est attelé à la tâche pour annoncer un nouveau tour de vis social dont les quatre cinquièmes vont peser sur les salariés.
Et l’on a compris qu’une fois encore, les agences de notations avaient la haute main sur la politique. Ce n’est même plus l’économie qui prime sur la politique, c’est la finance et elle seule qui décide de l’intensité, du tempo des mesures les plus antisociales.
À un point que l’on n’avait jamais atteint. Moody’s, Standard and Poor’s ont bel et bien eu la peau de Papandreou puis de Berlusconi.
Et si l’on peut évidemment partager la joie des milliers d’Italiens qui sont venus conspuer le « cavaliere » devant le Quirinale samedi soir, on peut tout de même relever que cette démission suit l’adoption d’un plan de rigueur et que le départ de Berlusconi n’intervient pas au terme d’une élection perdue.
On connaissait depuis longtemps le poids des lobbys dans l’élaboration des politiques, mais on n’avait pas vraiment mesuré avant la réforme des retraites en 2010 combien les gouvernements déféraient aux diktats des marchés.
Remarquons d’ailleurs le changement dans le discours de l’exécutif. Avant 2010, Nicolas Sarkozy se réclamait du suffrage des électeurs pour justifier les pires réformes et pour violenter le dialogue social.
Depuis, le président et son gouvernement sont tellement au plus bas dans les sondages et ils sont tellement pris de vestes électorales, qu’ils ne s’y réfèrent plus.
La dramatisation de la dette et la sacrosainte note AAA sont devenus l’alpha et l’oméga du discours politique. L’épisode de la fuite d’une info sur la dévaluation de la note française la semaine passée est révélateur du pouvoir démesuré que ces agences se sont arrogé avec la bienveillante complicité des gouvernements.
Mais c’est bien trop d’honneur et de pouvoir octroyés à ces mercenaires qui quatre jours avant la chute d’Enron n’avait pas bougé un cil.
Ces mêmes agences qui avaient non seulement validés les produits financiers pourris comme les subprimes, mais qui par leur pouvoir exorbitant ont été à l’origine des modèles financiers qui ont servi à la création de ces produits financiers toxiques.