Dans le débat qui va s’ouvrir sur la réforme des retraites, on sait à l’avance que le manque d’unité des salariés et des organisations syndicales serait un handicap dont MEDEF et gouvernement ne manqueraient pas de profiter comme ils l’ont déjà fait pour les réformes passées.
Que l’on se souvienne en effet : le gouvernement s’est d’abord attaqué aux salariés du privé en 1993, ensuite aux fonctionnaires en 2003, puis aux salariés des régimes spéciaux (Sncf, Ratp, industries électriques et gazières) en 2007. Chaque fois, les intérêts des uns ont été les « otages » de ceux des autres tandis que l’on pressentait bien que ce qui se tramait pour les premiers finirait par tomber sur le coin du nez des suivants.
La diversité historiques des régimes souvent présentée comme autant de niches à privilèges indus n’a sans doute pas simplifié la tâche pour solidariser l’ensemble des salariés.
C’est pour sortir de cette logique que la CGT a adopté lors de son dernier congrès la proposition d’une « maison commune » des retraites.
Cette maison commune, qui n’a rien à voir avec un régime unique permettrait de solidariser les régimes tels qu’ils sont, avec leurs spécificités, leurs histoires respectives…permettrait de promouvoir un socle commun de droits et de garanties de haut niveau.
Il y a bien des domaines dans lesquels des progrès pourraient être réalisés. Citons, par exemple, la validation des années d’études ainsi que des périodes de précarité, qui participe d’une autre approche de la notion de carrière complète et qui pourrait se traduire par une constitution de droits dès l’âge de dix-huit ans pour tous, y compris les étudiants ou les primo-demandeurs d’emploi…
La conséquence et c’est bien l’objectif visé, serait l’accès du plus grand nombre, dès soixante ans, à un taux de remplacement d’au moins 75 % du salaire de référence. Voyons bien qu’une telle architecture permettrait de redonner confiance aux jeunes salariés qui sont de plus en plus nombreux à considérer qu’ils n’auront pas de retraite, ou si peu… Cette absence de confiance, qui doit être prise au sérieux parce que susceptible de conduire à une implosion du système.
La manière dont les organisations syndicales travailleront sur ce dossier des retraites sera évidemment déterminante, car comme on l’a vu lors des réformes précédentes, la désunion a ouvert un boulevard au gouvernement.
Ce lundi, une intersyndicale doit se tenir avec notamment cette question à l’ordre du jour. « Notamment » car au delà du rendez-vous 2010, toutes les questions sociales posées par la crise actuelle demeurent et doivent être traitées et si possible dans une démarche unitaire. Elles ne sont d’ailleurs pas déconnectées du dossier des retraites, mais intimement liées puisqu’on ne peut imaginer sauver la répartition solidaire sans une autre politique d’emploi, de salaires par exemple.