On n’en sera pas surpris, la crise qui frappe de plein fouet l’industrie et le secteur de la construction en particulier impacte fortement les offres d’emplois déposées à l’Agence Pour l’Emploi des Cadres. L ’APEC annonce en effet une chute de 27 % des offres et des prévisions « au plus bas depuis 2002 » pour le deuxième trimestre. Outre la récession, la chute du niveau des investissements des entreprises s’avère particulièrement délétère pour l’emploi des cadres, explique l’APEC. La proportion d’entreprises de plus de 100 salariés qui recrutent des cadres, est tombée à 44%au 1er trimestre, contre 56%au 1er trimestre 2008 et « à peine plus d’une entreprise sur trois (36 %), contre une sur deux (48 %) l’an passé, prévoit d’embaucher au cours du 2ème trimestre ».Les salariés les plus qualifiés et en responsabilités ne sont donc pas épargnés par les effets de la crise, pas plus qu’ils ne le sont au final par les politiques de restructuration des entreprises. Dans ces derniers mois et même avant que n’éclate la crise des subprimes, l’industrie pharmaceutique pour ne citer qu’elle, a largement annoncé des dégraissages massifs. Si les feux de l’actualité sont naturellement braqués vers les fermetures d’usine et les réductions d’emplois dans la production, il ne faudrait pas imaginer que les entreprises renoncent à faire baisser le coût du travail qualifié.
L’exemple de l’accord sur le chômage partiel signé chez Renault par tous les syndicats, sauf la CGT, en est une illustration. Au motif de la solidarité on demande aux cadres de renoncer à huit jours de RTT pour financer à 100 % le chômage technique des ouvriers et employés de la production. Outre que c’est parfaitement injuste car cela revient à dédouaner l’entreprise qui touche des subsides de l’État pour faire face à la crise, cela ouvre une nouvelle brèche pour porter atteinte au temps de travail des cadres. Assurément, les cadres partagent l’inquiétude de toute la population et rien dans les sondages ne les montre plus conciliants avec un gouvernement qui ne fait pas ce qu’il conviendrait de faire pour s’attaquer aux effets de la crise. Les cadres, ingénieurs, techniciens se montrent au contraire disponibles pour agir et ils voient d’un très bon oeil que les syndicats s’entendent sur l’essentiel pour appeler à un 1er mai unitaire, offensif. Il nous reste quelques heures pour faire en sorte que beaucoup de nos collègues manifestent pour la première fois de leur vie sans avoir à poser un jour de grève. Ce 1er mai est exceptionnel, il sera regardé partout en Europe où de grandes manifestations vont se dérouler et se sont déjà déroulées.