Le gouvernement a annoncé le 24 août dernier, et les assemblées en débattent actuellement, des mesures censées réduire “le déficit de la France”. La facture est principalement supportée par les salariés et les consommateurs.
Jugez par vous-même :
- Pour les salariés, les retraités : augmentation des tarifs des complémentaires santé qui vient s’ajouter à d’autres mesures qui s’attaquent au pouvoir d’achat et pénalisent l’économie, soit 1,2 milliards d’euros.
- Pour les plus riches : une taxe exceptionnelle de 3% en 2012 sur les hauts revenus (+ de 500 000 €) soit 200 millions d’euros, soit à peine 10% de ce qui leur a été offert en juin dernier par la refonte de l’impôt sur les grandes fortunes (ISF).
Comme la CGT l’écrivait, dès l’été 2008, il n’y aura pas de sortie de crise durable sans une remise en cause des modes de gestion des entreprises, des institutions financières et des Etats.
Aujourd’hui, le monde se réduit à une infime minorité qui profite du capitalisme et une immense majorité qui le subit. Une véritable alternative à ce système en crise n’est plus du domaine de l’utopie mais devient une ambition nécessaire et urgente.
Un exemple qui prouve que d’autres choix sont possibles : l’Argentine décide en 2001 et pour 3 ans de suspendre le paiement de sa dette et impose de fait à ses créanciers privés une réduction de 50% de sa dette en 2005. Entre 2003 et 2010, l’Argentine a enregistré 8% de taux de croissance annuel moyen.
Ne pas payer la dette ne conduit pas forcément au cataclysme économique promis !
Pourquoi alors ce discours de fin du monde ?
Comme pour une enquête criminelle, il faut d’abord se demander à qui profite le crime !
Pas besoin de chercher bien loin pour voir que le patronat et les gouvernements européens confortent des politiques économiques qui nous amènent dans le mur alors que d’autres choix sont possibles.
Aujourd’hui, ils trouvent dans la crise la providence tant espérée pour remettre en cause les acquis sociaux, privatiser la fonction publique, licencier des milliers de fonctionnaires, délocaliser l’industrie, augmenter la durée du travail, précariser et flexibiliser celui-ci, geler les salaires …
Pour y parvenir, il suffit de matraquer les populations d’un verbiage de panique ou tout autre remède que le leur conduirait à une faillite, à un cataclysme économique sans précédent.
Il faut donc asséner l’affirmation que tous ceux qui s’y opposent, qui le critiquent ne sont en fait que des incompétents, des utopistes et qui de surcroît ne pensent qu’à eux.
Bémol et non des moindres, c’est qu’il est tentant de comparer ces “médecins de l’économie” au docteur Diafoirus de Molière qui réclamait sans cesse plus de saignées pour soigner le malade et qui finissait par le tuer, sans oublier au passage de se faire rétribuer grassement.
En effet, les mesures proposées sont cohérentes, non pas pour sortir de la crise mais pour en récolter des bénéfices très confortables.
Et le patronat s’en frotte les mains. A l’évidence la crise n’a pas les mêmes conséquences pour tous, car les grosses machines du CAC 40 ont leur règle d’or inscrite dans le marbre : faire du profit, toujours plus de profit.
Le bilan de cette fin de premier semestre marque une croissance des profits dans les entreprises de près de 10%, soit 46,2 milliards d’euros. Des experts indiquent que 2011 devrait se solder avec 94 milliards d’euros de profits, soit + 15% sur 2010. Ainsi cela devrait approcher le niveau record de 2008.
Les peuples cependant sont de moins en moins dupes et réclament d’autres politiques économiques à l’image des grecs, des espagnols, des italiens mais aussi de la formidable mobilisation que les français ont montré pour défendre les retraites.