Rappel :
La feuille de route donnée par Dassault à Luc Vigneron comporte plusieurs objectifs :
– augmenter de 2 points la rentabilité du groupe,
– rationaliser le Groupe, le recentrer (encore) sur son cœur de métier,
– la mise en place d’un plan d’économie dit Probasis (“aller de l’avant” en grec ancien) qui se comprend aujourd’hui plutôt par “sauter dans le vide”,
L’annonce de la nouvelle organisation après des mois d’errements a généré un climat délétère, un mécontentement, un découragement jamais connu dans le Groupe depuis la tentative de vendre Thomson pour 1 franc symbolique à Deawoo.
Plus personne, de l’ouvrier au cadre dirigeant ne sait aujourd’hui où le Groupe va et par lui, ce que son emploi va devenir. L’investissement dans le travail devient problématique..
Les salaires : le point de convergence des revendications. Le niveau quasi nul des propositions d’évolution des salaires bloque tous les processus de négociations dans les centres.
Sur le durée les salariés réagissent.
La pétition Thales organisée par l’intersyndicale concernant la politique salariale a recueilli 15000 signatures, ce qui représente en France près de 1 salarié sur 2 . Elle est l’expression de ce mécontentement , de ce désaveu pour ce qui se passe depuis un an.
Au-delà de la pétition, ce sont les nombreux débrayages et rassemblements que ponctuent ces deux mois de lutte.
Les deux rassemblements devant de siège de Thales à Neuilly ont marqués les esprits : 700 salarié(e)s le 18 février et 1 000 le 11 mars.
A chaque fois, nous avons réussi à imposer de nouvelles avancées :
– Tout d’abord, la réouverture des négociations salaires (NAO) dans les entreprises alors que les notes de service étaient publiées présentant la fin de celles-ci et les mesures qui allaient être appliquées. Ces nouvelles rencontres se concluant par l’octroi de 0,2% de masse salariale supplémentaire et la ré-hausse des sommes planchers (les passant de 22/26 € à 30/35 €, suivant les sociétés.
– Puis une nouvelle rencontre de négociation à Neuilly où la Direction du Groupe a fait une nouvelle proposition permettant de relever le salaire net de chacun de 15€/mois, ce qui représente 0,5% du plafond de la Sécurité Sociale. Pour nous, la méthode utilisée, qui est de transférer une partie de la cotisation maladie, frais de santé, salarié vers l’employeur n’est pas une mesure de politique salariale. A moindre frais pour Thales, malgré tout elle permet cette légère augmentation du salaire net des salarié(e)s du Groupe.
La lutte paie, même si les mobilisations peuvent apparaitre disparates, elles sont nécessaires
Bien sûr, cela n’est pas au niveau exprimé par nombre de salarié(e)s ; bien loin de ce que la CGT revendique, mais ce n’est pas à sous estimer.
Avoir obligé Thales à revenir à la table des négociations et leur imposer de nouvelles mesures : (+ 0,2% puis + 0,5%) fait qu’aujourd’hui nous nous retrouvons à un niveau similaire à celui de 2009.
Aujourd’hui, il nous semble important d’obtenir la réouverture des NAO dans les sociétés où les salarié(e)s sont fortement mobilisés.
C’est entre 15 et 20 % du personnel de Thales qui participe aux débrayages et rassemblements, mais c’est bien plus, par exemple à Thales Alenia Space, à TDA, dans certains établissements de Thales Air Systems ou Thales Communications.
Les cinq organisations syndicales représentatives du Groupe avaient annoncé pour le 7 avril prochain, une nouvelle journée nationale d’actions.
La CGT pense qu’il faut la maintenir et que cela doit être dans les entreprises et les établissements que les salarié(e)s avec leurs syndicats décident de leur investissement dans celle-ci et des formes qu’elle doit prendre.
Au-delà de nos revendications salariales légitimes, le mouvement qui nous menons nous permet de reprendre la parole.
En échangeant sur nos salaires, à propos de la logique flou du nouveau management, de l’avenir de l’entreprise et du travail, …, ce sont de multiples occasions où nous reconstituons du collectif, entre nous.
Là, ce sont des chansons qui sont écrites par quelques un(e)s et reprisent par tous, ici, ce sont des ballons avec les slogans qui s’envolent et « s’accrochent » au plafond, ailleurs ce sont des barbecues improvisés, là encore des cafés/croissants et aussi des manifestations au travers des zones industrielles, …
A chaque fois, l’imagination re-jaillie exprimant notre envie, notre besoin de vivre autrement dans l’entreprise.
Chacun(e) se retrouve, avec les autres, à l’opposé de l’individualiste auquel on veut nous réduire.
Dans cette lutte, d’autres rapports se construisent au-delà des catégories professionnelles et des rapports hiérarchiques.
La solidarité reprend vie. Comme dans toute lutte, elle est bien plus que ce qu’elle revendique.