La retraite à 60 ans est ressentie comme un acquis social par 6 Français sur 10. C’est ce qui ressort d’un sondage BVA publié vendredi par Les Échos. Et ils ne sont que 34 % à estimer que l’âge de la retraite peut être repoussé en raison de l’allongement de l’espérance de vie. Le chef de l’État et le gouvernement le savent : ils ne pourront pas repousser l’âge de la retraite en misant sur le matraquage opéré depuis 20 ans autour du défi démographique. C’est que les choses ne vont pas d’elles mêmes dans l’esprit des salariés. En effet, aucune des mesures prises par Balladur, Veil, Fillon ou dans les accords AGIRC–ARRCO n’ont permis de remettre à flot les régimes de retraite. Les Français, et notamment les plus jeunes doutent de la pérennité de notre système solidaire. Mais ils sont aussi lucides sur la fin de la vie professionnelle.
Qu’est-ce qui aujourd’hui peut donner envie et confiance pour travailler au-delà de 60 ans ?
Pourquoi repousser l’heure de la liquidation d’une pension quand l’âge moyen de cessation d’activité se situe entre 58 et 59 ans.
Selon des chiffres communiqués par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, seulement34,8% des assurés ayant liquidé leur retraite en 2007 percevaient un salaire relevant du régime général l’année précédenteet 17,5 % un salaire dans un autre régime.
Dans les autres cas, ils n’étaient pas en situation d’emploi : 21 % étaient au chômage, 3,8 % en maladie, 6,8 % en invalidité et 25 % n’avaient aucun trimestre d’assurance validé. C’est l’un des arguments décisifs qui plaide contre un recul de l’âge légal.
Mais ce n’est pas le seul.
En effet, au nom de quelle loi d’airain, faudrait-il que les gains d’espérance de vie qui sont largement le fait des progrès en matière de protection sociale, de santé devraient être partagés -on devait dire confisqués- avec le travail ? Pourquoi faudrait-il que nous renoncions à une norme sociale telle que la retraite à taux plein à 60 ans alors qu’aux deux extrémités de la vie professionnelle tout n’est que chômage, précarité, bas salaires et non reconnaissance des qualifications.
Cotiser plus longtemps ? Chiche ! Les jeunes qui poireautent en moyenne onze ans avant de décrocher un CDI et qui subissent les bas salaires aspirent à construire leur présent mais aussi leur avenir. Les « seniors » quant à eux, en ont par-dessus la tête dece management qui les exclut. S’il faut cotiser d’avantage, mettons d’abord à profit les deux bouts de notre vie professionnelle,mais aussi nos périodes de formation initiale avec une reconnaissance des années d’étude. Soyons clairs, le gouvernement et le Medef ne veulent pas repousser l’âge de départ pour le plaisir de profiter de nos savoirs et de notre expérience. Ils veulent seulement introduire un nouveau mécanisme permettant de faire baisser le niveau de la pension liquidée. Un sondage, ça ne fait pas tout, loin de là, mais celui-ci nous dit que nous pouvons aller au devant de nos collègues pour débattre de quelle réforme nous voulons. Il montre que les salariés ne sont manifestement pas acquis aux réformes que tentent d’imposer les libéraux.