La CGT tient son 49ème Congrès à Nantes cette semaine et si certains ne veulent voir dans cet événement qu’un rituel statutaire ou une simple formalité conduisant à l’élection d’un chef, il en va autrement dans la réalité.
L’enjeu des débats qui vont s’y tenir et qui se sont tenus dans sa préparation concernent tous les salariés. La première centrale syndicale du pays s’interroge sur ses pratiques, ses structures. Elle réfléchit à être plus proche des salariés dans la diversité de leurs situations. Les bouleversements du paysage économique, les restructurations des entreprises, la précarité grandissante, notamment, obligent à repenser un syndicalisme en qui les salariés placent de grands espoirs, de lourdes responsabilités, mais qu’ils n’investissent pas aussi largement en se syndiquant eux-mêmes.
Si 45 000 salariés ont fait le choix de prendre une carte à la CGT cette année, si la CGT a renforcé son audience à l’occasion des élections prud’homales il y a tout juste un an cette semaine, elle doit cependant repenser ses structures professionnelles et territoriales pour que les salariés puissent pousser la porte de la CGT, qu’ils y restent adhérents, qu’ils puissent y avoir une vie syndicale riche, démocratique. Elle doit s’adapter pour être vraiment le syndicat de tous les salariés.
Ce questionnement vaut pour toute la CGT et notamment l’UGICT-CGT en direction des salariés les plus qualifiés et en responsabilités. Il n’y a en effet aucune fatalité à la faible syndicalisation dans notre pays, pas plus qu’il n’y a d’obstacle insurmontable à la syndicalisation des cadres, ingénieurs et techniciens. Il y a encore moins de « syndicat naturel » pour les cadres. Les progrès d’audience de la CGT lors des dernières élections prud’homales dans nos catégories sont un élément encourageant.
Les enquêtes et sondages montrent à la fois la prise de distance, pour ne pas dire le divorce, entre les discours managériaux et les salariés en responsabilités. De même, les questions de salaires, de pouvoir d’achat, de reconnaissance des qualifications sont au centre des préoccupations. Les enquêtes d’opinion conduites durant les mouvements sociaux du printemps 2009 avaient montré l’adhésion des cadres aux contenus revendicatifs portés dans l’unité et leur sympathie pour la démarche initiée par les 8 centrales syndicales.
Tandis que tout dans la gouvernance des entreprises pousse à l’isolement des salariés, à leur mise en concurrence permanente, le syndicalisme doit permettre de questionner les finalités du travail, de remettre en question un management qui régit non seulement l’organisation du travail, le fonctionnement de l’entreprise, mais aussi sa stratégie. Il constitue un des moteurs de la crise actuelle. Il est la cause de souffrances qui sont aujourd’hui révélées en pleine lumière par l’actualité des suicides. C’est à ce management au service de la financiarisation que l’UGICT-CGT s’attaque.
Elle ne pourra le faire qu’en étant comme toute la CGT, mieux implantée, plus présente dans les entreprises, forte de plus de syndiqués et notamment de jeunes.