La place que le travail occupe dans l’existence de chacun ne se résume pas au nombre d’heures qui lui est consacré.
Dans les circonstances mêmes les plus difficiles, les salariés tentent de s’aménager des espaces de libertés, des espaces d’intervention où ils deviennent acteurs et même créateurs. Pas forcement dans le sens artistique, mais dans le sens où en permanence, ils inventent dans leur travail ce que les chercheurs appellent le « pouvoir d’agir ». Cela va plus loin que le constat entre travail prescrit et travail réel. Dans cette différence, il y a un ressort d’émancipation des salariés.
Partons à la conquête de moments de respiration, des moments où nous pensons notre travail.
Depuis des années ces moments s’amenuisent, ça a commencé par ce que les employeurs appellent « la chasse au temps mort » et ça continue par des organisations aux noms les plus compliqués les uns que les autres du genre « Lean-Manufacturing ». Ces organisations du travail oublient que nous sommes des êtres humains pensants. Elles tendent à nous transformer en machine ou robot. Comme nous n’en sommes pas, cela casse physiquement avec l’explosion des TMS, le stress et les maladies mentales qu’il provoque. Pour être nous mêmes, nous devons agrandir notre pouvoir d’agir et ne plus subir.
Contestons les objectifs contradictoires :
Les décideurs font semblant de ne pas voir. Ils refusent de choisir entre les différents objectifs (volume, qualité, sécurité, conséquences sur le client… ) et mettent la barre haute sur tout. C’est le salarié, en bout de chaîne, exécutant les objectifs qui doit choisir lesquels il doit sacrifier. Il est en permanence en situation «coupable ».
Battons en brèche les objectifs abstraits et inatteignables.
La qualité totale, le stock 0, le 0 accident … cela n’existe pas! On assiste à une triche généralisée à tout les niveaux pour montrer que ces objectifs abstraits sont atteints. Pour celui qui exécute le travail c’est la frustration, l’insatisfaction permanente.
Imposons nos critères de qualité qui correspondent à notre conception du travail bien fait.
Petit à petit s’installent des critères de qualité souvent basés sur des comportements, des moyennes, rien à voir avec notre aspiration au travail bien fait. Avant, la hiérarchie s’appelait maîtrise, parce qu’on lui demandait de connaître le travail pour assumer sa responsabilité. Aujourd’hui, avec les notions actuelles de management, la réalité du travail est ignorée. Cela met en difficulté les salariés mais aussi les managers qui voient bien qu’ils sont pris en ciseaux entre ce qui leur est demandé dans leur fonction et la réalité du travail. Ainsi, les entretiens d’évaluation tournent à la catastrophe puisqu’ils sont faits sur des critères qui n’ont rien à voir avec le travail bien fait. Un blog a été ouvert http:// cgt-metal-evaluation.blogspot.com/ pour mettre en lumière l’aberration du fonctionnement de ces entretiens d’évaluation.
Reconstruisons des collectifs de travail mis à mal ou en voie de disparition
Pour que le travail puisse se faire dans de bonnes conditions, il a besoin d’être débattu. D’abord avec la hiérarchie afin de pouvoir négocier les objectifs, ensuite entre salariés à l’abri de la hiérarchie. Les lieux où se construisent les collectifs de travail sont à reconquérir.
Chassons le mal travail, source de crise.
Débattons du travail pour reprendre la main sur son organisation et le rendre source d’émancipation.