Le gouvernement a décidé de mettre un terme au scandale des rémunérations titanesques dont se gavent les grands patrons en France.
Poisson d’avril !
Le problème avec la proximité du 1er avril, c’est qu’on s’attend toujours à une bonne grosse farce. Et là, franchement, on y a pas coupé tous ces derniers jours avec cette enfilade de tartufferies, rodomontades, gros yeux, doigts rageurs tendus, noms d’oiseaux et compliments échangés à propos des scandaleux parachutes dorés, stock-options et bonus attribués à quelques uns dans des entreprises aidées par l’État et (ou) qui licencient. Le suspens haletant entretenu tout le week-end autour du dispositif gouvernemental se termine en soufflé au poisson d’avril tout dégonflé au fond d’un four mal réglé. Tout ce chahut, cette hyper-mobilisation du ban et de l’arrière ban gouvernemental, patronal, politique -voire international puisque notre chef du FMI national a même été réquisitionné pour faire les gros yeux- pour un minable petit décret qui ne changera rien. Qu’on en juge : d’abord il limite sa portée à 2010, ce qui signifie clairement que le gouvernement donne quitus aux patronat pour lui conserver intacts tous les mécanismes de la prédation sur les richesses créées. Ensuite il ne concerne que les sociétés cotées qui ont perçus des aides de l’État dans le cadre des mesures prises pour faire face à la crise, pas plus de 8 (les deux constructeurs automobiles et six banques). Échapperont donc aux foudres de l’Élysée et de Bercy toutes celles, toutes aussi cotées, qui se gavent de subventions et aides publiques de l’État, de la communauté européenne, des collectivités locales, des exonérations sociales et fiscales et qui continuent de garantir à leurs actionnaires et à leurs états majors des rémunérations qui n’ont rien à voir ni avec l’efficacité sociale et industrielle, ni avec la performance environnementale, ni avec une recherche et développement audacieuse. L’État persiste à mutualiser les pertes des entreprises, à laisser le patronat privatiser les profits, et cerise sur le gâteau, à s’interdire de gâter le dessert par une fiscalité qui s’attaquerait vraiment aux plus fortunés.