Aujourd’hui le constat est partout le même : le taux de remplacement du salaire par la pension de retraite pour les salariés du secteur privé (CNAV-ARRCO-AGIRC) baisse continuellement depuis 1993. Cette baisse s’accentue au fil des ans et aboutira, à terme, à des pensions de retraite représentants moins de la moitié du salaire d’activité (43 % pour les cadres à l’horizon 2040-2050). Cette baisse du niveau des pensions résulte de choix délibérés : Différer les départs au-delà de 60 ans pour les salariés qui auraient les conditions (de plus en plus draconiennes) de partir à 60 ans et qui devant un taux de remplacement si faible préféreront continuer à travailler. Se désengager du financement de la retraite par répartition par essence même collective, solidaire, sécurisée, afin de lui substituer à terme des systèmes d’épargne retraite par essence même individuels, risqués, beaucoup plus coûteux, et foncièrement inégalitaires.
Un refus clairement renouvelé de financer les retraités : Dans un document rendu public en date du 28 avril dernier et intitulé « Rendez-vous de 2008 sur les retraites », le Gouvernement a très clairement confirmé ses intentions. Ce refus de financer la retraite par répartition est, on ne peut plus clairement exprimé, dans un paragraphe : « Une première phase de concertation s’est déroulée à partir du 27 mars. Elle a permis au Gouvernement de prendre connaissance des positions et des propositions des partenaires sociaux. Des échanges et des travaux techniques ont permis de préciser ces propositions et d’évaluer leur impact à court, moyen et long terme, afin de retenir celles qui étaient aujourd’hui compatibles avec l’objectif de rétablissement de la situation financière des régimes de retraites ». Aucune des propositions avancées par la CGT, ni d’ailleurs par l’ensemble des organisations syndicales n’a été retenue, n’étant pas, aux yeux du Gouvernement, « compatibles avec l’objectif de rétablissement de la situation financière des régimes de retraite ».
A partir de là, les mesures annoncées sont sans surprises :
· Allongement de la durée d’assurance de 1 trimestre par an à compter du 1er janvier 2009, pour atteindre 41 annuités au 1er janvier 2012 ;
· refonte du dispositif de départ anticipé pour carrière longue de façon à limiter de manière drastique le nombre de bénéficiaires potentiels ;
· remise en cause de l’objectif de 85 % du SMIC net pour une carrière complète au SMIC ;
· transfert de charges entre les différentes branches de la Sécurité sociale d’une part, entre l’assurance chômage et la vieillesse d’autre part, pour tenter d’équilibrer les comptes de l’assurance vieillesse ;
· suppression de tous les dispositifs de préretraite, comme de toutes les possibilités de cessation anticipée d’activité par accords négociés au sein de l’entreprise ;
· libéralisation totale du cumul emploi-retraite ;
· enfin, augmentation de la sur-côte qui serait portée à 5 % par année accomplie au-delà de l’âge légal et de la durée nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein.
Devant cette attaque en règle, les manifestations de mai, initiées dans toute la France par la CGT, ont rassemblé 700 000 manifestants. Force est de constater que le 17 juin, la journée d’action sur les retraites avec l’objectif de 1 million de manifestants, s’est révélée une journée en demie-teinte du fait de la division introduite par les petites organisations refusant l’efficacité d’un front uni en ressentiment devant la remise en cause de leur représentativité. Xavier BERTRAND s’est engouffré dans la faille en ajoutant la contre-réforme du temps de travail à la loi sur la représentativité, et l’attention a été détournée des retraites pendant la période estivale.
Fin juillet, le Gouvernement a acté sans passage devant le parlement (circulaire CNAV du 25 juillet 2008) : · L’allongement de durée validée, nécessaire pour le taux plein (de 161 trimestres pour les assurés nés en 1949, à 164 trimestres pour ceux nés en 1952), · La quasi annulation des départs anticipés pour carrière longue car il faudra (entre autres conditions) 172 trimestres validés pour les salariés nés en 1952 et 1953 pour partir avant 60 ans. A noter, que plus personne ne partira à 56 ans, car 172 trimestres c’est 43 ans, et pour un salarié qui aurait commencé à travailler à 14 ans, il ne peut avoir 43 ans validés qu’à 57 ans (14 + 43 = 57). Les autres mesures, annoncées le 28 avril, seront inscrites dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale qui passera au Conseil des Ministres du 29 septembre pour vote au Parlement en novembre. En matière de pénibilité, le 16 juillet, le MEDEF a fait capoté définitivement les négociations. Le Gouvernement doit reprendre le dossier mais le rapport POISSON, qu’il a fait établir sur le sujet, refuse toute forme de retraite anticipée généralisée pour pénibilité ! Les retraités avec 1,1 % en janvier et 0,8 % en septembre de revalorisation des pensions du régime général et 1,46 % en avril de leur retraite ARRCO et AGIRC sont des laissés pour compte. Toutes leurs organisations appellent à manifester le 16 octobre pour le pouvoir d’achat. L’autre enjeu, c’est l’expiration au 31 décembre 2008 (reportée au 31 mars 2009, élections prud’homale obligent) de l’accord permettant la liquidation sans abattement des retraites complémentaires ARCCO-AGIRC avec le danger que ce que réclame, à cor et à cri, Laurence PARISOT pour la retraite du régime général (retraite à 62 ans) soit acté dans un accord pour l’ARRCO et l’AGIRC. Vous le voyez sur ce sujet, comme tant d’autres, la riposte est nécessaire. Le 7 octobre en est l’occasion. Six organisations syndicales appellent, dans l’unité, à des « mobilisations d’ampleur » dans tout le pays (la CGT, la CFDT, la CFE-CGC, la FSU, l’Union Syndicale Solidaires et l’UNSA) pour défendre les emplois, les salaires, les conditions de travail, la protection sociale, les retraites et les services publics.